Cher blog, Cher lecteur,
Je souhaiterais te parler aujourd’hui de ce qui, pendant longtemps, me semblait être la cause de mes souffrances: j’étais dépressif.
En soi, ce n’était pas tout à fait faux. Mais ce n’était pas totalement vrai non plus. Et je ne peux pas m’en vouloir d’avoir cru à ce diagnostic, puisque les médecins eux-mêmes me l’avaient posé.
Le problème, c’est que la dépression se soigne, en règle générale, avec des antidépresseurs. C’est donc très tôt, en 2012, alors que j’avais tout juste 19 ans, que j’ai commencé à prendre de la Fluoxétine. S’en sont suivis 13 ans presque ininterrompus de traitement par antidépresseurs.
D’abord cette Fluoxétine, donc, qui m’a accompagné au quotidien entre 2012 et 2015, puis entre 2016 et 2019. Ensuite, c’est le Brintellix qui a pris le relais, entre 2019 et 2023. Puis, finalement, un retour aux sources avec la Fluoxétine en 2023, dont j’ai doublé le dosage à mi-2024.
Aujourd’hui, avec le recul, je sais pertinemment que la prise de ces antidépresseurs pendant aussi longtemps n’a fait qu’empirer les choses. Car au lieu d’aller mieux, j’alternais entre des états dépressifs et des états hypomaniaques. Ma psychiatre m’a informé que c’est ce qu’on appelle des “virages” et que c’est un effet attendu des antidépresseurs chez les bipolaires. C’est même, d’ailleurs, souvent un bon moyen de poser un premier diagnostic… Encore faut-il être convenablement suivi pour que quelqu’un se rende compte de ces virages.
Parce que oui, finalement, quoi de plus normal que de se sentir mieux lorsque l’on prend un antidépresseur ? Et si personne ne nous explique que, non, ce n’est pas normal de se retrouver dans des états d’euphorie, à rechercher de l’adrénaline par tous les moyens, à n’avoir aucune patience et à être ultra impulsif… bref, à être hypomaniaque, eh bien ce n’est pas tout seul que l’on va pouvoir se rendre compte qu’il y a un souci.
Bien sûr, je ne peux pas reprocher à mon médecin traitant de ne pas avoir posé le diagnostic… après tout, ce n’est pas son métier.

Après la pluie… 🌧️
Il aura fallu attendre une très longue dépression en 2024, durant plus de 6 mois, et une visite chez un psychiatre mandaté par l’assurance perte de gain de mon ancien employeur pour que je me décide à consulter un psychiatre. Je dois dire que ma première expérience chez un psychiatre s’était montrée très délicate: à part me déclarer souffrant de “troubles de l’émotivité” (parce que j’avais souvent des colères) et dire à ma femme de me quitter car elle n’avait pas à subir ma dépression, il n’avait pas fait grand-chose. Ah si. Il m’avait redirigé vers un psychologue qui, lui, au lieu de m’aider, avait préféré me raconter toutes les théories du complot sur le Covid et le vaccin… c’était en 2020/2021.
C’est donc lors de cet entretien avec l’expert mandaté par l’assurance que le déclic m’est venu. En face de moi, ce psychiatre, pourtant insulté (littéralement) de toute part sur Google par des assurés peu contents du résultat de leur expertise, m’a regardé et a vu en moi un profond mal-être. Au vu de l’anamnèse faite avec sa collègue psychologue juste avant, il m’a immédiatement conseillé de consulter un psychiatre, affirmant que tout serait beaucoup plus facile pour moi et que seul un spécialiste pourrait m’aider.
Si, sur le moment, j’ai pensé à un simple conseil pour que ma dépression soit crédible aux yeux de l’assurance (tu n’imagines même pas, cher blog, à quel point il est difficile d’être pris au sérieux en tant qu’homme blanc d’une trentaine d’années quand on dit souffrir de dépression), je réalise aujourd’hui qu’il avait très certainement déjà décelé en moi ce trouble bipolaire.
Suivant son conseil, donc, et alors que mon contrat de travail prenait fin suite à mon licenciement et que je sortais d’un arrêt de travail, je me suis adressé à un centre psychiatrique de ma région afin de pouvoir consulter rapidement un·e psychiatre.
…le soleil ☀️
C’est donc non sans appréhension que je me suis rendu à mon premier rendez-vous avec ma nouvelle psychiatre, la Dr. B. Aux premiers abords, je pensais y aller pour revoir mon traitement, ma dépression étant toujours bien installée malgré un dosage important de Fluoxétine. Mais après seulement 1h30 d’anamnèse, la Dr. B. a immédiatement pu m’annoncer un diagnostic préliminaire: je ne suis pas simplement dépressif, je suis bipolaire. Les séances suivantes ont permis d’affiner le degré de cette bipolarité.
Je ne suis pas dépressif: je suis bipolaire de type 2.