Cher Blog, Cher Lecteur,
Comme tu le sais, j’ai enchaîné deux hospitalisation dans le mois écoulé, pour un total d’environ 10 jours. Autant de jours passés loin de ma famille, loin de mes enfants… Autant de jours d’absences… Mais ça serait beaucoup trop facile que de considéré que ces 10 jours sont les seuls moments où j’ai été absent pour ma famille. En vrai, si je regarde tout le temps écoulé depuis juin 2024 - on est en octobre 2025 quand j’écris ces lignes - j’ai été plus souvent absent que présent. Bien qu’à l’arrêt presque en permanence depuis et donc présent physiquement, j’ai traversé trop de mois à ne pas être moi-même, à alterner dépression et phase mixtes voir hypomaniaques… jusqu’à cette énorme phase maniaque que je viens de traverser. Alors oui, j’étais là pour leur dire bonne nuit, pour leur dire je t’aime et pour leur faire un câlin. Mais combien de jours j’ai passé à fixer le vide sans aucune once d’énergie? Combien de fois je leur ai crié dessus pour qu’il me laisse tranquille pendant que je travaillais sur tel ou tel projet, hyper-fixation de mon hypomanie ?
Heureusement, je sais aussi que j’ai eu des moments de présences durant cette année et demi, des moments où j’étais presque neutre et où j’ai pu profiter de super moments avec ma famille, comme lorsque l’on est allés à Disneyland Paris en septembre 2024.
Alors maintenant que j’arrive enfin à entrevoir le bout du tunnel, la sortie et la fin des changements rapides d’humeur, maintenant qu’une véritable stabilité est en train de se mettre en place grace à un traitement enfin efficace, comment rattraper tout ce temps perdu ? Comme réparer mes erreurs et revenir en arrière, dire oui quand mon fils me demande de jouer avec lui avant qu’il abandonne et arrête de demander ?
Avoir un trouble bipolaire, c’est compliqué à vivre au quotidien, mais on oublie souvent l’impact que ça a également sur l’entourage. Le pire c’est lorsque l’on est totalement absent, absorbé par nos idées et que l’on réalise trop tard à quel point on a pu avoir des paroles ou des gestes regrettables.
Donc ce matin, me sentant bien plus stable que tous ces derniers mois, je me suis posé la question: comment rattraper le temps perdu? Je dois dire que ça m’a pesé sur le moral pendant un petit moment, car je me suis dit que c’était impossible, que le “mal” était fait. Et c’est en partie vrai: je ne peux pas revenir en arrière, je ne peux pas aller changer mon comportement et corriger plus de 10 ans de mauvais diagnostique et de mauvais traitement. Mais j’ai aussi réalisé que, en revanche, je peux faire en sorte que chaque moment compte, que dorénavant je ne sois plus ce zombie qui regarde des séries TVs quand il va mal (même si je vais bien sur continuer à en regarder) et qui programme des jeux-vidéo quand il est en manie tout en fantasmant sur la mort d’autrui dès qu’il conduit. Non. Je peux simplement faire en sorte d’être présent, écouter lorsqu’ils me montrent quelque chose, ne pas m’agace lorsqu’ils m’interrompent, passer du temps avec eux, même si ce n’est pas forcément du temps où je joue avec eux. Parce que au final, c’est ça le plus important. C’est de transformer chaque moment à venir en un moment de partage, d’écoute, d’amour… sans en faire trop, sans se brûler le peu d’énergie disponible… Juste être présent, être là, être le papa qu’ils attendant de moi. Ils ne veulent pas un superhéro, ils veulent un papa et c’est ça qui compte. Bien sur, il y a des moments où ils préféreraient jouer avec moi mais comme n’importe quel autre parent. Et c’est OK.
Sur ces quelques mots, Cher Blog, Cher Lecteur, je vais conclure cet article écrit tout en regarder mon fils m’expliquer en temps réel ce qu’il fait pendant que mon deuxième s’énerve sur son jeu et a besoin d’encouragement.
